Maîtriser l’agriculture de conservation en système betteravier
Dans l’Oise, François-Xavier Martel est passé progressivement en agriculture de conservation des sols (ACS) pour améliorer la fertilité de ses sols.
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François-Xavier Martel, chef de culture à la ferme de Russy dans l’Oise, s’est engagé dans l’agriculture de conservation des sols (ACS) en 2020 avec la volonté d’améliorer le taux de matière organique (MO) sur l’exploitation. « Historiquement il s’agissait d’une ferme de conserverie avec beaucoup de légumes et peu de restitution, explique-t-il. En 2010, le taux de MO était à 1,5 %, il est à 2 % aujourd’hui. Il faut encore progresser. »
L’agriculteur souhaite aussi réduire la dépendance aux engrais minéraux, amener de la résilience par rapport à l’évolution climatique, et s’affranchir de possibles problèmes de résistance des graminées. « Nous n’avons pas actuellement de difficultés marquées grâce aux légumes précédemment cultivés. Mais l’ACS est un outil supplémentaire pour anticiper ces résistances, quand elle est associée à la rotation. »
Réussir les couverts
Le chef de culture a commencé à se former en 2018, est allé voir des agriculteurs qui pratiquaient l’ACS, avant l’acquisition en 2020 d’un semoir Horsch Sprinter à dent pour implanter les couverts. « Notre priorité était de réussir les couverts, raconte-t-il. Progressivement, nous avons commencé le semis direct du blé sous couvert vivant, puis le semis direct du colza sur chaumes. » En 2022, il tente de réduire le travail du sol pour les betteraves. Sur plusieurs parcelles, il conduit une partie classiquement, l’autre en ACS, afin de comparer les systèmes.
« Il n’y avait pas d’écart de rendement entre les deux et nous avons généralisé l’ACS en 2023. » Pour réussir cette pratique en système betteraves, François-Xavier Martel insiste : « Il faut allonger la rotation. Auparavant, la culture revenait tous les trois ans. Aujourd’hui, c’est tous les cinq ans. »
Les couverts sont semés rapidement après la moisson, à 5 cm de profondeur. « Avant les cultures de printemps, nous implantons un mélange féverole-vesce-tournesol-crucifères-phacélie », précise François-Xavier. Un apport de vinasse (2 t/ha) est réalisé après la levée. La destruction du couvert a lieu au début de la floraison du mélange, en novembre, au rouleau Faca. Il réalise ensuite un mulch sur gel avec un outil à disque Joker puis une préparation superficielle juste avant le semis des betteraves, avec une herse rotative ou un Combigerm. Avant cette dernière préparation de sol, un passage de glyphosate est souvent nécessaire.
Plusieurs cas de figure existent avant les cultures d’automne semées en direct : derrière colza, le couvert est semé dans les repousses. Après la féverole, il s’agit d’un mélange de crucifères et de phacélie et après le blé, d’un mélange de légumineuses et de crucifères. « Derrière betterave, j’adapte la préparation en fonction des conditions de l’arrachage. Si elles sont correctes, un passage superficiel avec le Joker ou un vibroculteur suffit. Sinon, je passe avec un fissurateur He-va perturbant très peu l’horizon du sol. »
Anticipation
Pour les arrachages de betteraves, le maître mot est l’anticipation. Avec sa sucrerie Tereos, il favorise par exemple le préplanning à hauteur de 15-20 %, en septembre quand les conditions sont favorables, avec moins de tassement de sol. L’implantation de la culture suivante est aussi meilleure. Le fait de ne presque pas toucher le sol lors de la préparation, en laissant la MO en surface, favorise la qualité de récolte. « Il y a beaucoup plus de portance », estime-t-il.
S’il reconnaît être davantage dépendant du glyphosate, l’agriculteur a pour objectif de baisser l’utilisation d’herbicides sélectifs, d’ici à deux ou trois ans. En revanche, il fait des économies d’engrais. « Sur quatre ans, les couverts ont apporté en moyenne 8 t de matière sèche par hectare, chiffre François-Xavier Martel. C’est 250 unités d’azote restituées, dont en moyenne 50 pour la culture suivante, 50 unités de phosphore et 300 unités de potasse, chiffre François-Xavier. Il apporte donc seulement 30 unités d’azote sur betterave, au lieu de 80 unités auparavant.
Ce système permet aussi de mieux valoriser la main-d’œuvre. « J’ai baissé de 40 % le volume des heures de traction sur les chantiers de préparation de sol et de semis, pour une consommation de seulement 5 l/ha de carburant pour le chantier de semis. » Au travers d'une démarche Cargill, il valorise les pratiques mises en place sur l’exploitation (prime de 50 €/ha), ce qui permet de financer l’achat des couverts. « Retirer la charrue, c’est sortir de sa zone de confort, concède François-Xavier. Pendant la transition, les habitudes sont bousculées, mais au bout de quelques années d’ACS, on rentre dans une autre zone de confort. Il faut savoir se remettre en cause, c’est stimulant et cela permet d’avoir un rôle plus important dans les décisions agronomiques. »
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